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pour nous rendre inaccessibles à tout ce qui, en nous amoindrissant, nous mettrait à trop bon marché. Laissons aux hommes ces supériorités que leur orgueil réclame ; ils ont beau faire, ils ne nous enlèveront pas celle-ci qui est de puiser dans la souffrance des êtres aimés des forces miraculeuses pour les soutenir, pour leur pardonner, pour les aimer à travers toutes les obscurités et les défaillances humaines.

Soyons glorieuses de savoir aimer profondément, bravement, toujours, avec une confiance indéracinable dans la puissance de notre amour pour vaincre les obstacles. Si vous aimez ainsi, vous ne direz jamais : « J’en ai fait assez ! » ou : « Je ne puis endurer davantage… » vous irez comme les saintes femmes jusqu’au Calvaire, jusqu’à la mort, jusqu’après la mort, tenant votre amour de toutes vos forces morales et physiques pour qu’il ne tombe pas, fermant les yeux s’il le faut, ne comprenant pas, si c’est mieux, et attendant, douloureusement obstinées, la résurrection de ces cœurs que votre amour finira par animer et vivifier, pauvres petites âmes désolées et fidèles.


XXII

Les corneilles


Dans deux jours, l’Alleluia de Pâques chantera dans l’air attiédi l’arrivée du Printemps ! Mais, chers lecteurs ! Quelle dose d’imagina-