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fluence de cette tendresse inespérée, le pauvre cœur imprudent se remettait à battre à grand coups, essayait de s’épanouir et voulait croire que la vie est douce !

Hélas ! l’âme éveilleuse passa, s’éloigna insouciante et l’autre, comme les arbres d’aujourd’hui, fut prise dans la glace qui la serra, et tua en elle le bonheur qui voulait vivre.

Éperdus, ses yeux se promenèrent sur un monde désormais vide, — tout s’était teint de néant autour d’elle. Elle espéra que la souffrance la tuerait, car au moindre souffle qui remuait près d’elle, le froid mortel la torturait et la brisait, mais elle ne mourut pas.

Comme sous le soleil qui les fait resplendir et étinceler, les arbres de cristal demeurent fiers et tombent pendant qu’on admire leur beauté, la petite âme déçue demeura debout et fière : elle continua de sourire et de rayonner, et si un jour, un grand coup de vent l’abat, il se trouvera des passants pour dire : « Dommage qu’elle soit morte ! En voilà une qui était heureuse ». Ô chères âmes ! Ô chers arbres ! Que la glace est cruelle !


XXI

Elles savent aimer


Une des grandes vérités qui m’a frappée et qui ressort de la lecture de tous les Évangiles de la semaine sainte et de Pâques, c’est