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sont faites pour ne jamais s’immobiliser et pour rayonner sans cesse.

C’est donc ceux qui vivent de leur mouvement et que vivifie leur rayonnement qu’il faut avertir. Prenez garde, veillez sur cette activité excessive, si mal servie parfois par la force physique. Une femme n’est pas une machine. Vous êtes tous des égoïstes d’exploiter les forces vives de ce grand cœur. N’attendez pas qu’elle soit disparue, pour vous rendre compte de tout ce qu’elle fait pour vous et du peu de souci que vous avez d’elle. Les regrets stériles et les remords tardifs ne vous la rendraient pas ! Ouvrez les yeux maintenant, et rendez en attentions délicates, en tendresse protégeante, ce dévouement qu’elle vous prodigue si largement.


XX

Verglas


Ô la brise menteuse et le soleil trompeur ! En remplissant l’air de caresses et de vagues parfums exquis, la semaine dernière, ils ont forcé les âmes des arbres à sortir de leur long sommeil : les plus éveillés, ceux qui sont pressés de vivre et de fleurir, lilas, saules, sorbiers, ont poussé dehors leurs frêles bourgeons, et en face de ma fenêtre, je vous jure que le vieux cormier paraissait frémir et ressusciter et que l’on voyait du vert courir dans ses veines !