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et à gauche, monte au grenier ou descend à la cave, réparant la gaucherie de celui-ci, finissant le travail de celle-là, cherchant les choses introuvables, remédiant aux négligences et aux oublis de tous, et — c’est sur cela que j’attire votre attention, — se fatiguant outre mesure. Sa maison se transforme tour à tour en hôpital, en hôtel et en ouvroir. On vient s’y jeter comme en un refuge béni : on s’y installe, on s’y meurt, elle nous héberge et nous guérit.

Et ce sont là des faits qui n’étonnent personne, parce que c’est si naturel pour cette femme d’aider les autres et de les tirer d’embarras, qu’il ne vient à l’idée de personne qu’elle se met elle-même dans de gros embarras pour leur rendre service.

Elle s’oublie elle-même si totalement, si parfaitement que les autres l’imitent : elle est bonne aussi naturellement que vous et moi respirons !

Mais quand on a une bonté d’ange, il faudrait en avoir aussi la nature pour ne pas souffrir des conséquences. Et cela n’est pas, et bien des dévouements faits femmes ont payé de leur vie cet excès de bonté dont généralement les gens abusent.

À celles qui sont si bonnes, il est inutile de dire : « ménagez vos forces, soyez raisonnables. » Si vous disiez à la rivière d’être immobile, aux étoiles de ne plus briller, elles ne sauraient vous obéir : ces femmes