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et mes pauvres petites réflexions les impressionneraient peu.

J’aime mieux ouvrir les yeux de celles qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes, et qui, se croyant vertueuses et honnêtes, contribuent à la perte des jeunes gens. Et parmi celles-là, il y a les femmes du monde qui, dans leurs bals et leurs réceptions, ont la condescendance coupable de préparer un buffet, où les hommes boivent de l’alcool et où les très jeunes gens, imitant leurs aînés, apprennent à boire par vanité, pour faire comme les plus aguerris.

L’habitude est faite d’actes répétés et de toutes les occasions de céder, et si un jeune homme sort beaucoup, il aura contracté l’habitude de boire autant dans vos salons que dans les bars, mesdames ! Vous n’y avez peut-être jamais songé ? Ne commettez pas cette mauvaise action de tenter ces pauvres enfants : — ils ne sont que cela, en somme, — et n’oubliez pas la terrible responsabilité que vous assumez.

C’est en étant assez réfléchies pour toujours peser la conséquence de leurs actes, c’est en ayant assez de conscience pour protéger la conscience des autres, c’est en ayant l’indépendance de réagir contre les usages dangereux, que les femmes sont dans leur véritable rôle de gardiennes, et c’est un rôle très noble qui est négligé surtout par légèreté et insouciance.