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et forte de l’amie qui a deviné que le son de la voix humaine éparpille les pensées profondes, et que les pensées profondes naissent dans l’âme humaine qui souffre et lui font une vie nouvelle et supérieure, où elle a horreur du bruit vain des mots puérils. Et parce qu’ils se comprennent, ils se taisent : il faut s’aimer bien parfaitement pour ne pas même chercher à expliquer de tels silences. Quand on en est là, on a trouvé plus et mieux que l’amour : l’amitié merveilleuse, plus délicate et moins exigeante que l’amour dont les silences inquiètent et affolent, l’amitié, prête à donner tout sans rien attendre, l’amitié qui accepte tous les sacrifices sans jamais songer à les compter.

Cette amitié-là est le sentiment le plus pur, le plus fier, le plus délicat, le plus tendre et le plus rare. Le plus rare, parce que c’est le moins égoïste, et nous sommes si égoïstes ! Le plus rare, parce que c’est le lien entre deux âmes, et ici-bas, ce ne sont que les êtres exquis qui savent rechercher l’âme de leurs aimés et la préférer à tout.


XV

Notre influence


Il y a dans chacune de nos âmes des légions de petits esprits mauvais ou bienfaisants que nous écoutons à tour de rôle ; ils nous incitent au bien ou nous poussent au mal : nous ne les connaissons pas toujours : nous nous arrêtons