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que semaine sa prose enchanteresse, à l’abri du pseudonymat, appartient à la lignée des modestes et ce n’est pas là sa moindre originalité. Étonnerai-je le lecteur en disant que cette obscurité voulue et recherchée fait un peu le secret de sa constante réussite ?

« Le ciel n’est plus le ciel, quand il n’a plus d’étoiles. »

Au contraire en va-t-il de notre Fadette. C’est dans la paix de l’ombre, loin, très loin du scintillement de sa gloire littéraire, que l’écrivain paraît se sentir véritablement lui-même. C’est au cœur d’une villa mystérieuse, fréquemment visitée, même en hiver, qu’il nous adresse la plupart de ses lettres. Et cela lui permet de faire de la vie, de livrer son âme sans souci de pose à adopter, de rôle à assumer, de personnes à ménager. Ne songeant alors qu’à produire son rêve intérieur et sa philosophie, (je puis risquer le mot) peu lui importe la matière ou le point de départ : il suffira d’un propos villageois, d’une sentence remémorée de ses amis les psychologues, d’un vieux conte de fée reproduit et condensé en douze lignes, d’un fugitif aspect de la nature, d’imperceptibles nuances dans la couleur et le parfum des jours, pour qu’il parte à l’instant vers les hauteurs et nous emporte au vol de sa méditation. En vérité, pourquoi lui tenir rigueur de se dérober sans cesse et de voiler obstinément son nom et son visage, puis-