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de nos maisons : à moitié vêtus, ils traînent leurs petits membres bleuis par le froid sur des planchers malpropres… et quand enfin ils ont contracté des maladies qui ne sont ni connues, ni soignées, ils sont condamnés à une souffrance longue qui les mine, à des tortures qui les font crier, mais qui ne les tuent pas.

Le jour où une charité secourable les découvre, les porte dans un lit moëlleux et blanc, ils doivent se demander s’ils arrivent au paradis et si les anges d’aujourd’hui ont des robes grises et des petites ailes à leurs cornettes.

L’enfant assez vieux pour observer et réfléchir reçoit sur son lit de souffrance sa première leçon de bonté humaine et de charité chrétienne. En même temps que son pauvre corps se redresse et se fortifie, son âme frémit et s’éveille au contact d’une douceur insoupçonnée qui la pénètre et l’imprègne de ce qu’il y a de meilleur au monde, et il en conservera toujours quelque chose.

Il sortira de l’hôpital guéri physiquement et né à une vie morale très haute qu’il aurait ignorée probablement, s’il ne fût entré dans cette maison des miracles. Il retourne à sa misère, mais avec un corps sain, et il emporte une clarté dans son âme. Le souvenir de la bonté, de la douceur, de la pureté, ce sera l’étoile éclairant sa route, lui faisant signe de la suivre, lui inspirant d’être lui-même