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XI

Pour les petits malades, mesdames


La neige tombant en petites étoiles drues, brillantes et froides est très bavarde ; elle a de nombreuses voix qui accompagnent en sourdine le mouvement lent et continu qui lui fait relier le ciel blanc à la terre blanche. À sortir seule souvent, on apprend à entendre ces voix, on devient attentive à ce qu’elles racontent, que ce soit frivole, tendre ou pitoyable. C’est au retour d’une promenade dans la tempête que j’ai trouvé une invitation d’intéresser mes lectrices à l’Hôpital Sainte-Justine, et comme la neige m’avait parlé de bien des misères, j’ai été reconnaissante à ces dames de me mêler, si peu que ce soit, à l’oeuvre touchante qu’est leur hôpital d’enfants.

Mesdames, l’oeuvre est belle, mais il faut la faire grande et les ressources manquent ; et je viens vous demander de l’argent, beaucoup d’argent pour aider à la construction nouvelle dont s’occupent les fondatrices. La misère monte dans notre grande ville comme un flot mauvais que rien n’arrête. On ne peut pas empêcher la misère, on peut au moins soulager quelques misérables, et l’enfant pauvre, malade, ne touche-t-il pas votre pitié de femme ?

Or, à l’hôpital actuel, la porte ne peut toujours s’ouvrir, hélas ! pour recevoir les pau-