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ce ne sont pas les grands oiseaux que la tempête surprend et qui s’égarent parmi les nues que je vois, ce sont les pauvres âmes humaines que la peur saisit dans la tourmente et qui ne


« … voient que du noir
Et de l’ombre ajoutée à l’ombre ! »
Qui ne s’est senti un jour comme ces oiseaux affolés,
« Loin des routes qu’ils ont connues », si seuls qu’ils n’entendent rien.
« Hors le froissement de la nuit par l’ouragan qui court l’espace ».


En passant, l’ouragan a tout détruit, tout balayé : amour, confiance, joie de vivre, confiance en soi, et les âmes dépouillées et palpitantes, seules dans l’espace vide sont comme les pauvres oiseaux perdus :


« Alors, hagards, tendant le cou
Pris d’un vertige d’épouvante.
Ils plongent dans un élan fou
Aux profondeurs du ciel qui vente.

Et par les airs une clameur
De désespoir et d’agonie,
Rauque, s’échappe, vibre et meurt,
Déchirante en l’ombre infinie. »


Mais quand cette clameur éperdue s’échappe des âmes en détresse, quand « d’un élan fou elles plongent dans le ciel », ce n’est pas