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las qu’il voudrait cesser de battre, se reposer enfin dans la paix définitive. Mais il ne lui est même pas permis de le désirer, car d’autres vies sont là, dépendant de lui, attendant son secours, et voilà par où nos cœurs de pauvres hommes et de faibles femmes sont admirables et vraiment créés à l’image de Dieu !

À la lueur vive de la conviction que les autres ont besoin de nos forces, nous reprenons courage, nous voulons recommencer à vivre, à lutter, à souffrir, nous nous relevons dans un mouvement de vaillance devant lequel les anges doivent s’incliner. N’est-il pas merveilleux que le remède à nos maux soit de soulager ceux des autres, que notre consolation soit de nous oublier pour nous pencher sur des souffrances étrangères ?

Ceux qui ne veulent pas voir cette vérité s’immobilisent dans l’état de dépression morale qu’entraîne la persistance de la tristesse. Leurs forces vives se perdent : inutiles aux autres, dégoûtés d’eux-mêmes, effrayés par la vie et n’osant plus bouger, ce sont des morts plus morts que les véritables morts, puisque c’est leur âme qui s’éteint, qui ne veut plus aimer et refuse de rayonner.


X

Oiseaux perdus


Quand je relis les « Oiseaux perdus » de Louis Mercier, j’ai toujours la même vision :