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pouvoir acheter ces jouets dispendieux pour vos enfants ? Combien de malheureuses se demandent avec angoisse si demain elles auront du pain à donner aux leurs ?

Ne soyez pas tristes, ce serait être ingrates, car vous êtes les privilégiées ! Si cela vous fait mal de regarder au-dessus de vous, regardez au-dessous, et au lieu de vous plaindre de la modestie de votre condition, considérez comme un devoir impérieux de faire la part de vos sœurs pauvres, et faites-la avant de commencer les fameuses emplettes… vous savez bien qu’il vous manque toujours de l’argent pour les derniers achats !

Si toutes les jeunes mères qui préparent un berceau nouveau pensaient quelquefois à d’autres mères aussi jeunes, aussi délicates, aussi tendres qu’elles, qui n’ont ni berceau, ni layette, et qui pleurent d’angoisse en songeant au pauvre petit qui sera reçu dans le dénuement et que tout leur amour n’empêchera pas d’être misérable !

Mesdames, penser à la souffrance, n’est-ce pas avoir en même temps le désir de la soulager ? Dire aux mères heureuses, qu’il y a des mères désespérées, n’est-ce pas supplier les premières de venir au secours des autres ? Vous le voulez bien, n’est-ce pas : nous commencerons par faire la part des pauvres ? De se pencher avec pitié sur leurs misères nous rendra plus satisfaites de notre sort, plus raisonnables, capables de jouir simple-