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chante l’approche de Noël, les fêtes d’hiver, les promenades en raquettes, les courses en patins, les glissades en skis… toute la vie animée et joyeuse des gens dits heureux de ce monde qui changent de plaisirs avec les saisons, mais ne cessent pas de s’amuser.

Nous qui avons réfléchi et qui savons que sous ses premiers sourires, Décembre cache des menaces, n’oublions pas les pauvres qui voient s’avancer vers eux la souffrance impitoyable que ramène chaque hiver dans le pauvre logis mal chauffé.

Que ceux d’entre vous qui gémissent d’une solitude « confortable », où à défaut d’amis, ils sont entourés des bonnes choses familières qui racontent les bonheurs d’hier et dessinent les rêves de demain, essaient de se représenter la détresse des abandons pauvres, quand la misère cruelle est la seule compagne, qu’hier était désolé et que demain fait peur !

Mes amies, vous commencez bientôt vos préparatifs de fête : votre liste d’étrennes à distribuer s’allonge chaque année, et votre bon cœur s’inquiète de trouver votre bourse bien légère pour satisfaire votre générosité : il faudra calculer, combiner, être tentée par ce qui plairait davantage et y renoncer, faute d’argent… et alors, défiez-vous des regrets stériles, de l’envie, de l’amertume des âmes vulgaires. Pour vous préserver de leur ressembler, pensez aux pauvres femmes qui n’ont même pas le nécessaire ! Vous regrettez de ne