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LETTRES DE FADETTE

s’occupent ni de son esprit ni de son cœur ; absorbés par leurs affaires, ils oublient de l’y associer, et ils ne songent pas que son esprit et son cœur vont manquer de santé et de force, qu’ils deviennent, par le fait même, ouverts à toutes les tentations, et Dieu sait que les tentations et les tentateurs se trouvent toujours sur la route d’une jeune femme qui commence à moins aimer un mari qui la traite en quantité négligeable !

Ils ne connaissent ni l’un ni l’autre l’intimité réconfortante qui met tout en commun, les peines et les joies : leurs vies parallèles ne se fondent pas, et leur commune sécurité, faite de fatuité, d’insouciance et d’indifférence n’est trop souvent qu’une illusion. Quand elle se dissipe, l’un ou l’autre ou l’un et l’autre cherchent loin du foyer le bonheur qu’ils n’y trouvèrent pas : c’est l’histoire de tant de drames intimes, et l’expérience des victimes ne semble pas servir de leçon à ceux qui les suivent.

Les hommes supérieurs ont encore plus que les autres, l’illusion que leur femme n’aurait jamais le mauvais goût de leur préférer un homme… ordinaire. Ils oublient qu’une femme a surtout besoin d’être aimée et que l’amour comme le feu a besoin d’être surveillé et attisé pour durer.