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LETTRES DE FADETTE

étrange… et de les mépriser s’ils sont heureux de ce qu’ils reçoivent et de ce qu’ils donnent.

Mon humble opinion, c’est que l’homme d’étude doit choisir pour compagne une femme assez sage pour diriger sa maison, assez sérieuse pour bien élever ses enfants, assez intelligente et instruite pour s’intéresser à ses travaux et à ce qui se passe dans le monde de l’esprit, assez fine et charmante pour savoir le reposer de ses fatigues en embellissant sa vie.

Quand l’homme supérieur aura découvert cette perle, qu’il s’en fasse aimer et après l’avoir épousée qu’il « continue » à s’en faire aimer… c’est ce que peu d’hommes savent réaliser. Ils s’imaginent, quand ils sont mariés, avoir conquis pour toujours l’amour dévoué d’une femme trop heureuse de leur sacrifier ses goûts, ses petits habitudes, sa chère indépendance… et ils laissent nonchalamment s’éteindre le grand amour qu’il eût fallu au contraire alimenter pour qu’il communiquât à leur femme, la force d’être la femme idéale qu’ils ont rêvée.

Messieurs, la cause de l’échec des bonnes volontés féminines est souvent votre étrange prétention d’être aimés même si vous êtes indifférents, exigeants, et désagréables.

Trop d’hommes croient avoir rempli tous leurs devoirs, quand ils ont assuré l’existence de leur femme et satisfait sa vanité : ils ne