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LETTRES DE FADETTE

autour du sapin vert, ils sont redevenus gamins et ils font un grand vacarme joyeux.

Une légère entorse me dispense d’aider aux préparatifs : étendue sur le divan, au creux d’un coussin, je regarde le feu et à force de chercher des formes fantastiques dans la flamme dansante, il me semble que je m’endors.

Le foyer s’est agrandi : il est maintenant largement ouvert sur un ciel étoilé qui s’incline en pente jusqu’aux bûches qui crépitent, et voilà que sur cette glissoire étrange des anges mystérieux descendent ; ils approchent et je les reconnais. Ce sont mes Noëls, tous les Noëls de ma vie qui glissent sur le chemin bleu, touchent du pied les fagots et passent devant moi légers et insaisissables. Je les reconnais tous : les premiers, tout petits, en robes de nuit très longues, où leurs pieds roses s’embarrassent : les yeux extasiés, les boucles emmêlées, ils tiennent dans leurs bras frêles des hochets d’argent, des boules qui brillent, des bébés gris en caoutchouc, des poupées roses aux cheveux d’étoupe.

Les jouets se transforment à mesure que grandissent les anges : ils sont maintenant chargés de balles multicolores, de volants emplumés, de raquettes, de livres coloriés, de maisons, de poupées, de ménages complets.

Ils défilent par rang de taille, comme les bébés anglais dans les albums de Christmas.

Leur procession est lente et ininterrompue.