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XLVIII

Heures ailées


Les heures ont des ailes et s’élèvent vers l’auteur du temps pour lui raconter l’usage que nous en faisons. Toutes nos prières ne peuvent persuader à l’une d’elles de revenir ou de ralentir son vol. Les gaspillages de chaque minute sont des témoignages accumulés contre nous là-haut. Sûrement, si nous pensions à cela, nous ne les laisserions partir qu’avec de meilleures nouvelles ; et nous ne leur permettrions pas de s’envoler les mains vides, ou chargées de dangereux renseignements.

Cette jolie pensée n’est pas d’un prédicateur ni d’un moraliste, mais de Milton, qui, pauvre et aveugle, écrivait un poème immortel qui a traversé les siècles en élevant les esprits et en rafraîchissant les âmes par sa beauté.

Il ne nous faudrait qu’un très faible effort d’imagination pour nous représenter l’essaim des heures montant sans cesse, légères ou chargées, blanches ou noires, vers le ciel où elles seront classées, et il me semble que cette évocation aurait sa grande utilité, si nous nous arrêtons à réfléchir sérieusement.

Vous aviez dix-huit ans quand, vous échappant de la cage où vous aviez grandi, vous avez pris votre essor.