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subissent la vie sans dignité, en se laissant écraser par elle.


XLII

Tendresse discrète


Elle était le « reposoir de son cœur ». Quel mot charmant et quel rêve de sérénité idéale il évoque. Il est heureux le mortel qui a trouvé la femme et l’amie qui sait le reposer, de tout !

Ce rôle si féminin tente toutes les femmes : plusieurs ont l’illusion de l’exercer, et quand elles n’y arrivent pas, elles accusent de mauvaise volonté ou d’aveuglement ceux des leurs qui ne veulent pas profiter de leurs offices de bonnes petites samaritaines.

Ce n’est donc ni le sentiment, ni le désir de bien faire qui leur manquent : elles aiment leur mari et leurs enfants, rien ne leur coûterait pour obtenir leur confiance, et elles constatent tristement, qu’à mesure qu’elles avancent d’un pas, ils reculent de dix.

C’est qu’elles ne se doutent pas du calme et du silence que réclament ceux qui sont bien las : elles n’ont pas remarqué que l’empressement trop visible, la curiosité aussi questionneuse que tendre les écartent définitivement de ceux qui n’aspirent qu’à se reposer.

Mes amies, si vous voulez devenir des « reposoirs », devenez discrètes et douces, apprenez à paraître ne rien voir, guettez les ombres