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bles qu’elles sont bien l’âme humaine s’élançant vers tout ce qui semble l’exprimer le plus parfaitement, elle qui est si tragiquement silencieuse quand elle est torturée, et si doucement muette quand elle est heureuse !


XLI

Les cœurs mous


La bonne femme me racontait les malheurs de sa nièce : « une si brave créature, qu’a du cœur à l’ouvrage, mais quoi voulez-vous ! Son homme block sû toute… J’vais vous dire, ajoute-t-elle, confidentiellement, c’est un cœur mou ».

Est-ce trouvé cette expression ! avoir un cœur mou, c’est subir et non accepter sa propre vie ; c’est manquer d’initiative, de résistance et de courage. Un homme à cœur mou est un lâche. Un femme à cœur mou est une nullité.

Et savez-vous comment on les fait, les cœurs mous ? En gâtant les enfants : en ne leur laissant voir que les douceurs de l’existence, en les déchargeant de toute responsabilité, en leur épargnant tout effort personnel, en essayant de leur éviter les moindres contrariétés.

On réussit aussi, par la même occasion, à en faire des imbéciles !

Il est donc bon de dire aux jeunes mères qu’elles ont d’autres devoirs à remplir que