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amusez-vous à brûler de l’encens sous le nez de vos sœurs, madame Fadette, ou bien sont-elles en général bonnes, tendres et dévouées ? »

Permettez-moi de vous dire, d’abord, monsieur, que vous généralisez trop. Toutes les femmes ne sont pas des anges, et c’est heureux, car très peu d’hommes méritent de vivre avec des anges, mais il y en a : j’en connais. Il y a aussi des femmes détestables, et vous avez toute ma sympathie si la vôtre en est une. Seulement, je me défie. Si vous êtes seul à lui trouver tant de défauts, elle ne les a pas. Demandez-vous aussi, si elle a toujours été détestable ou si elle l’est devenue ? Auquel cas vous y seriez pour quelque chose ?

C’est facile de reprocher aux femmes d’être disputeuses, mais comme pour se disputer il faut être deux, le reproche pourrait se retourner, y avez-vous pensé, amateur d’anges ? À votre question maintenant.

Mon opinion sincère, c’est que la bonté chez les femmes s’exerce instinctivement pour les êtres qu’elles aiment ; leur dévouement poussé par l’affection est inlassable ; quand elles deviennent peu endurantes, irritables, agressives, si elles ne sont pas malades, c’est qu’elles ont cessé d’aimer, et qu’elles n’ont pas la vertu de faire « comme si ».

Il ne faut pas oublier que la femme est très impressionnable et très sensible ; son cœur contient toutes les nuances de senti-