Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et les devoirs s’enchaînent les uns aux autres avec une régularité un peu monotone qu’anime, heureusement, le grand flambeau intérieur qui fait voir plus haut et plus loin que les menues besognes journalières…

En elles-mêmes elles sont insignifiantes, mais elles tirent leur importance de ce qui les détermine, et quand c’est l’affection et le besoin de faire avec notre activité du bonheur et du bien-être pour ceux que nous aimons, chaque petite tâche devient une œuvre grande et absorbante, qui remplit si bien notre vie, qu’il n’y a plus place pour l’ennui et la lassitude morale.

C’est dans la douceur des soirées silencieuses et éclairées par les étoiles, qu’on s’étonne parfois de la stabilité des choses et de l’inconstance des cœurs humains !

Hier nous causions de séparation à l’amiable d’un jeune ménage, de leurs brouilles et de leurs rancunes irréductibles, et je me disais que ces adversaires d’aujourd’hui furent des amoureux, qu’ils s’aimèrent beaucoup dans la solitude étoilée qu’ils recherchaient pour mieux se le dire.

Peu d’années ont suffi pour les aigrir et les animer l’un contre l’autre, et sous les mêmes étoiles ils font des projets pour ne plus vivre ensemble jamais ! C’est que trop d’êtres s’aiment à fleur de cœur : ils ont des affections-champignon, tout en surfaces et dont les racines sont des fils.

Donnez-moi des âmes profondes, où l’ami-