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gne de la bienveillance, et qu’on paraît croire à la valeur morale d’un individu que tout le monde méprise ?

Ceci, — et je l’ai vu : que le pauvre homme s’efforce de mériter la confiance dont vous l’honorez. Relever un homme dans sa propre estime, — et vous le faites en paraissant l’estimer, — c’est un moyen puissant de le relever en réalité. Et par contre, croire en la méchanceté de quelqu’un, lui laisser voir que vous y croyez, c’est le rendre en général plus méchant qu’il ne l’est.

Il faut bien réfléchir à cette vérité en élevant les enfants. Que de belles petites âmes ont été gâtées par les maladroits sévères et soupçonneux qui leur ont suggéré le mal qu’ils prétendaient corriger et qui n’existait pas encore !

C’est ce que Guyau a voulu dire quand il proposait aux éducateurs cette règle importante : « Autant il est utile de rendre conscients d’eux-mêmes les bons, autant il est dangereux de rendre conscients les mauvais lorsqu’ils ne le sont pas encore ».


XXXV

Le phénomène


Il est arrivé un phénomène au village ! Vieux et jeunes sont aux aguets pour suivre ses évolutions et il est agité le phénomène ! Vous n’en douterez pas quand je vous aurai