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par s’arranger, si nous n’y mettons obstacle par nos propres impatiences et l’amertume qui nous rend incapables de profiter des éclaircies dans notre ciel.

Je ne connais rien de plus efficace pour nous faire honte de nos lâchetés que de regarder les plus malheureux que nous. Songez qu’il existe de pauvres êtres qui n’ont ni foi, ni amour ! Ils souffrent comme les bêtes, sans savoir pourquoi ; ils vivent en haïssant la vie et leurs semblables ; ils meurent en désespérés, sans savoir où ils vont…

Ceux-là sont à plaindre qui ont l’âme vide de Dieu et de tendresse humaine, et nous qui ne leur ressemblons pas, n’avons pas le droit de nous laisser abattre par le découragement.

Qu’y a-t-il de plus admirable que le courage ferme, patient et doux que rien ne déracine ? Il habite les âmes grandes et quand je le rencontre, je m’incline : il est fait de tant de vertus !


XXXII

La « Croche »


J’ai une nouvelle amie, une pauvre fille boiteuse, difforme, qu’on appelle « la Croche » au village, sans soupçonner qu’elle a une âme d’une beauté exquise qu’elle cache sous des dehors froids et un peu fiers qui tiennent à distance les pitiés maladroites.

Son histoire est simple, navrante comme