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vent aplanir : Cet obstacle, c’est la mauvaise humeur. Laquelle ? La leur et celle de leur mari.

Qu’est-ce au juste que la mauvaise humeur ? Presque toujours, c’est le mécontentement de soi dont on accable ceux qui sont à sa portée. Comme ce que l’on dit et ce que l’on fait, sous l’empire de la mauvaise humeur, n’est pas pour nous rendre fiers, plus on manifeste son humeur plus elle revient détestable et agressive, et si la mauvaise humeur de l’« autre » répond à l’appel, on en arrive vite à l’exaspération.

Je ne ferai pas ici d’insipides comparaisons entre les femmes et les hommes : les deux sont sujets à la maladie, mais je ne cesse de m’étonner que la finesse des femmes ne les avertisse pas de la gaucherie d’augmenter le mal, — quand c’est leur mari qui est « pris », — soit en prenant des airs de victimes, soit en relevant la balle au bond pour la lancer à toute force, au risque de tout casser.

Il y a un troisième procédé à employer. C’est le moins compliqué, mais non le plus facile : c’est de se taire tout simplement.

Car une femme a bien des manières de se taire, et mon « tout simplement » qui n’a l’air de rien, est précisément la nuance du silence à observer vis-à-vis une mauvaise humeur. Le silence d’une femme peut être conciliant, aimable, résigné, douloureux, indigné, révolté, méprisant, insolent… oui ! Et il y a des etc. ! Vous concevez, alors, qu’il y a un choix à