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fleurs d’amandier. Elle était rose, émue et charmante ; lui avait à la fois l’air glorieux et ennuyé du vainqueur qui trouve qu’il y a tout de même trop de monde pour contempler sa gloire.

Et ils sont partis… ce petit voyage, symbole du long voyage de la Vie qu’ils entreprennent ensemble, a été commencé dans le bonheur du rêve réalisé, dans l’espoir et l’amour de deux jeunes cœurs qui sont sûrs de l’avenir.

Nous sommes revenus silencieux, vaguement tristes. L’angoisse au cœur, la mère s’est dit : « Sera-t-elle heureuse ? » Les petites amies : « S’occupera-t-elle encore de nous ? » Les jeunes gens : « Encore un de casé !… Sera-t-il mieux que nous ? »

C’est le temps qui répondra à tous, et le temps commence à parler quelquefois dès les premiers mois ; si le petit ménage ne roule pas au commencement sur une belle route égale, il y a des risques que le chemin devienne de plus en plus raboteux, et le Bonheur qu’ils ont atteint est un bien fragile trésor : s’il est trop secoué, manié avec brusquerie, promené par trop de cahots, il peut se fêler… gare ! il ne résiste pas longtemps, après la première fêlure. Au risque de m’attirer les critiques des lectrices émancipées qui n’admettent pas qu’il y ait une hiérarchie dans la famille et que le père en soit le chef, je parlerai aux jeunes femmes de l’un des obstacles de la route conjugale qu’elles peu-