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grandes personnes, nous attendons les yeux fixés sur le ciel, qu’une autre étoile file dans l’espace, et je suis sûre que chacun formule intérieurement le souhait « toujours exaucé », a dit la vieille dame !

Mais il ne tombe plus d’étoiles, et nous rêvons aux éblouissements éphémères, véritables étoiles filantes qui laissèrent dans nos vies des traînées lumineuses si tôt absorbées par le noir, le grand noir de la vie.

Mais, éternels enfants que nous sommes, après une étoile décrochée et disparue, nous en cherchions une autre, et les chimères vivantes remplaçaient les chimères mortes. Et rien ne nous corrigera… nous voulons oublier, si peu que ce soit, la vie plate et si lassante parfois !

Et alors nous berçons nos âmes fatiguées aux contes bleus, aux formes illusoires, aux émotions fugitives, et nous sommes heureux, si nous échappons quelquefois à la monotonie toujours prête à nous rouler dans ses plis sombres.

Est-ce un bien, est-ce un mal ? Qu’importe ! La louange ou le blâme ne serviraient de rien, car nous n’avons pas le choix. Nous sommes ainsi faits : avides de rêves et victimes faciles du mensonge.

Depuis la pauvre Ève chimérique et vaine, tous les humains ont été trompés par les apparences parce que la réalité ne leur suffisait pas.

Et les étoiles qui tombent en s’éteignant ne