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et bavarder les corneilles, cela dégoûte des tramways, des autos empestés, de la foule courante, et la tentation de partir définitivement m’a saisie, emportée si vite, que me voici rendue ici sans avoir eu le temps d’y penser !

« Ici », c’est dans une grande vieille maison, un peu en désordre pour le moment, mais par toutes les fenêtres ouvertes entrent des flots de soleil, des gazouillis d’oiseaux, un petit vent frisquet parfumé de senteurs vagues et exquises. Que je vous plains, mes amis de la ville !

Vous ne viendrez à la campagne que lorsque tout sera reverdi et fleuri : ce sera l’été. Moi, j’assisterai aux fêtes du printemps : je regarderai les feuilles se déplier, les bourgeons gonfler et éclater, les oiseaux bâtir leurs nids, la terre brune fumer au grand soleil quand elle aura été retournée par la charrue.

Et quand la pluie vous désolera dans la ville boueuse, moi, je la bénirai, et ce sera si joli de la voir reverdir les gazons et fleurir les lilas !

J’arrive à l’époque du « Breda » ! Mes voisines sont très affairées. Les maisons se vident. Dehors les matelas, les tapis et les meubles ! Tout est brossé, battu, secoué, peint, vernis ! C’est une débauche de propreté, et les ménagères se démènent avec un entrain contagieux.

C’est qu’il s’agit de ne pas lambiner…