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méchanceté, c’est s’exercer à ne pas les voir partout, c’est surtout savoir s’en garder soi-même, c’est vivre pure et fière à travers ce qui amoindrit les âmes vulgaires, c’est marcher, même quand la boue inonde le chemin, c’est monter sans se lasser, puisqu’on est tiré en haut par une force supérieure.

Il arrive que notre charrette s’enlise, qu’elle côtoie les abîmes, parfois elle y tombe, mais toujours retenue par ce lien mystérieux qui l’attache au ciel, elle sort de tous les périls et se remet en marche après toutes les chutes.

Laissons rire les blasés, les matérialistes, ceux qui veulent mener tout seuls leur charrette, et accrochons la nôtre à l’étoile ; elle nous conduira tous, jeunes ou vieux, pleins d’illusions ou meurtris par la vie, elle nous élèvera au-dessus des petitesses pour nous faire voir, de très haut, sa valeur et la nôtre, ce que Dieu a voulu et ce qu’il attend de nous.


XXIV

De retour !


Non, voyez-vous, pour demeurer volontiers en ville quand vient la fin d’avril, il ne faut pas avoir commis l’imprudence d’aller goûter le printemps dans les bois !

D’avoir vu le soleil caresser les bourgeons frêles, d’avoir entendu chanter les grives