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aux autres, il faudrait des professeurs de joie ! Mais où les trouverions-nous ?

Les hommes, pris par leur vie positive et matérielle, connaissent peu cette joie de lumière et de force intérieure : ils l’attendent pourtant et la cherchent… C’est chez les femmes qu’on trouve de ces âmes limpides, vibrantes, ardentes, faites pour recueillir en elles le reflet de la beauté des êtres et des choses : elles en font de la lumière et de la chaleur pour les autres. En effet, la joie demeure et rayonne et ceux qui les entourent trouvent la vie meilleure.

Ces rayonnantes, ne les cherchons pas parmi les privilégiées de la fortune. Elles ont trop de biens extérieurs pour se soucier de ce grand trésor intérieur, et à la recherche des bonheurs impossibles, elles ont perdu la joie douce des vies plus modestes. Cherchons nos professeurs de joie parmi celles qui ont deviné, dès leur enfance, que la vie est un bienfait, et qui ont compris, plus tard, que tout s’use et s’efface et que de nos pauvres petits gestes de bonheur et de souffrance il ne reste rien. Une seule chose dure, c’est l’œuvre tirée de soi, c’est le bien qui continue après soi, c’est l’amour donné sans mesquinerie à ceux qui y ont droit et qui continue après soi, et qui à son tour crée de la bonté.