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route en prenant des sentiers de traverse. Elles ont peu de tentations ; elles les ont écartées d’un bloc par le fait de refuser d’entrer directement en cause. Elles sont dominées par la loi, par le devoir, et elles sèchent, s’il le faut, de fatigue, de chagrin et de misère, sans crier grâce et sans se révolter. Ce sont des saintes et elles sont rares, je n’ai pas besoin de vous le dire.

Les autres, les « ordinaires », sont d’une imprudence qui explique bien des erreurs et bien des chutes, et leur plus grosse inconséquence c’est d’entretenir avec le diable un petit commerce qui n’est pas précisément un commerce d’amitié, mais ce sont des « relations de société » qui permettent les conversations et les discussions les plus variées. Aux plus droites et aux meilleures, il suggère de côtoyer le danger pour voir comment il est fait ; il leur amène en tapinois des pensées malsaines et leur fait croire qu’elles affirmeront leur sagesse en les discutant. Cela fait son affaire à lui ! Il sait qu’il est nuisible de retenir ces idées, de les dévisager, de nous habituer à elles, et même de nous quereller avec elles.

Si parfois quelqu’un, avisé et sage, nous avertit d’être prudentes, nous blâme de regarder le mal par-dessus le mur, nous nous récrions, indignées : « Oh ! il n’y a pas de danger ! »

L’imprudente parole ! Tous ceux qui la disent sont en danger dès qu’ils la prononcent