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tombée, et que c’est la terre, ce soir, qui éclaire le ciel d’un gris sombre et uniforme, marqué d’un cercle livide là-bas, où le soleil a disparu.

Nous passons devant l’église au moment où un « Gros baptême » en sort : les gens joyeux montent en voiture, pendant que toutes les cloches carillonnent, et que les chevaux, décorés d’énormes rosettes blanches, secouent impatientés leurs clochettes d’argent.

Je salue le paquet blanc dans lequel vagit le nouveau-né : je l’envie d’être si pur, si inconscient, si à Dieu qui vient de l’accepter.

Nous continuons à courir par les rues blanches et je pense que nous avons tous été donnés à Dieu. Pourquoi alors tant nous agiter et tant nous tourmenter ? Laissons-le faire : Il sait mieux que nous et Il nous aime.


XIV

Notre coin


Dans votre maison il y a un coin plus à vous que les autres ; c’est là où vous avez réuni vos livres, achetés un à un suivant la couleur de vos pensées et la disposition de votre esprit. Vous vous sentez là, avec des amis muets, discrets, sages ou fous, austères ou amoureux, tous prêts à répondre à votre appel. Vous n’avez qu’à tendre la main, et l’un d’eux arrive pour vous distraire, vous reposer ou vous faire réfléchir.