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renoncé au bonheur par incapacité d’y croire. Ce sont des âmes en décrépitude.

Il est bon pour conserver la jeunesse de notre âme, de ne lui donner que les aliments qui la fortifient, et on comprend ce que peuvent sur l’esprit les lectures saines, les conversations sérieuses, l’habitude de réfléchir. On ne saurait être trop attentif à la nourriture de l’esprit, et cependant nous la prenons au hasard avec insouciance et sans discernement.

Et notre cœur, lui, ne restera jeune qu’à la condition de ne pas s’éparpiller en vaines fantaisies. Les affections profondes et fortes, voilà ce qui lui convient. Tant qu’un cœur sait aimer ainsi, il reste jeune, fût-il dans un corps de quatre-vingts ans !

Voilà donc l’extraordinaire conclusion de tout ceci : c’est que la puérilité, l’étourderie et l’insignifiance entraînent la vieillesse prématurée de l’âme, tandis que la culture saine de l’esprit, les grandes affections généreuses, la vie pleine et ardente entretiennent la jeunesse de l’âme et en doublent la vie.

Que toutes les friandes de coquilles de noix arrêtent un instant de pirouetter pour regarder ce qui se passe au fond d’elles-mêmes… elles ont oublié qu’elles ont une âme, qu’elles se payent la curiosité de voir ce qu’elle devient à ce régime extravagant, elles seront stupéfaites et effrayées. Mais qu’elles ne se découragent pas, puisque chaque jour peut devenir pour nous le premier