Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pillons beaucoup de forces morales à regretter l’irréparable, à trop attendre de l’avenir ou à trop le redouter !

C’est une erreur : il y a mieux à faire. Aujourd’hui est devant nous avec ses nécessités, ses devoirs immédiats, notre monotone tâche quotidienne. Au lieu de nous y donner toute, nous vivons dans le passé ou nous rêvons autre chose dans l’avenir, et il ne reste pour le présent qu’un cœur partagé, une activité molle et un malaise général qui ne peuvent produire rien de bon.

Nous savons que nous faisons mal puisque nous nous disons : « Plus tard, j’organiserai autrement ma vie… »

Plus tard ! Quand ? Aujourd’hui est le « plus tard » de l’année dernière… Y avez-vous pensé ? Agir ainsi n’est pas vivre, c’est attendre pour vivre, et c’est bien imprudent, puisque nous ne savons rien… rien du temps qui est à nous.

Nous sommes fous, et c’est parce que nous ne réfléchissons pas assez… Profitons des heures graves de cette fin d’année pour mettre dans notre âme beaucoup de vie. Remplissons-la des vérités qui éclairent et qui fortifient, et donnons ensuite le surplus de notre vaillance et de notre sympathie aux pauvres êtres qui n’en peuvent plus, parce que leur cœur est transi et que leur âme est endormie !