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Étant libre comme le vent, mon hésitation ne fut pas longue, et je pris le train de quatre heures, heureuse comme une pensionnaire en congé.

Et voilà qu’en route je rencontre ma voisine de campagne : elle jette les hauts cris quand je lui dis mon intention d’aller coucher dans ma maison fermée. Elle me gronde, me bouscule, et finalement me convainc et m’emmène chez elle, ravie au fond d’avoir cédé.

J’y trouve gens et meubles à leur place, et les bruits familiers du village m’arrivent au travers d’une « parlerie » vertigineuse.

C’est qu’il s’est passé des « choses » au village ! Pour une nouvelle, c’en est une, vu qu’il ne s’y passe ordinairement que des baptêmes et des enterrements, et j’avais été avertie préalablement que les « choses » sortaient de l’ordinaire.

Ma curiosité ne fut pas longtemps agacée, car on grillait de me dire que le village est révolutionné par l’organisation de l’œuvre France-Amérique dont les réunions ont lieu, ici même, et presque en permanence. Parlez-moi de zèle quand on s’y met !

Nous sortions à peine de table quand arrivèrent les charitables ouvrières apportant de gros paquets, qui, en un tour de mains, furent ouverts, classés, et dès avant les glas de huit heures, nous étions à l’œuvre.

La salle étant trop petite, nous nous étions installées dans la vaste cuisine où le poêle