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joyeuses et pures ; les heures de grand bonheur et les heures d’atroce douleur, toutes les heures de notre vie : heures actives, heures lasses, heures mornes, heures floues, heures ardentes, heures de péché et heures de grâce !

Pressées ensemble dans l’attente, elles se mêlent sans se confondre. Chacune a ses yeux de joie ou de détresse et garde l’empreinte dont nous l’avons marquée irrévocablement, toujours sans y penser ! Bon gré mal gré elles se feront reconnaître, car elles nous ont attendues pour nous suivre dans l’au-delà mystérieux, où Celui qui nous les donna toutes blanches, au commencement de notre vie, lira ce que nous y avons écrit, toute notre vie.


XLVIII

Pour les blessés !


De mon fauteuil tiré près de la fenêtre, j’avais longtemps regardé la neige tomber mollement et recouvrir le pavé et la rue, s’accrocher en passant aux toits et aux lucarnes pour les encapuchonner de blanc.

C’était joli tout ce blanc après tout ce noir ! Mais avec la pensée qu’à Montréal la neige n’est pas longtemps jolie, me vint le grand désir d’aller la voir tomber sur mes montagnes et dessiner, sur leurs flancs, des jonchées de fleurs étranges avant de les recouvrir toutes.