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nous montrer bien femmes, bien Françaises et bonnes Canadiennes.


XLIV

L’angelus


Dans l’ombre qui s’étend et enveloppe d’un même voile la beauté mourante du ciel et la boue de la terre, les Angelus, de tous côtés, se sont mis à sonner.

Messagers de repos, leur voix lente et rythmée a délivré les esclaves du travail : par centaines, hommes et femmes sortent des fabriques, des magasins et des bureaux, et pendant que les sons graves vibrent dans l’air glacial, ils se pressent, frileux, vers la chaleur et la liberté du « Home ».

Aux âmes lasses aussi, les angélus apportent l’apaisement, une promesse de repos, et peut-être, le souvenir de jours enfuis où le sommeil paraissait nous voler du bonheur, et où les journées, toujours trop courtes, passaient trop vite ! Hélas, on apprend parfois très jeune la bienfaisance des nuits qui apportent l’oubli, et des enfants même ont soupiré d’aise quand l’angélus leur annonçait la fin des journées tristes.

Quels amis sûrs que les Angelus ! Jamais oublieux, jamais en retard, ils sont fidèlement aux rendez-vous, et leur âme sympathique se fait également l’écho de nos joies et de nos désolations.