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ceux qui pouvaient la défendre ; les soldats sacrifient leur vie sans hésiter, et nous ici, nous nous contenterions de pleurer ? Ce serait lâche…

Il faut travailler, il faut nous priver afin de donner tout le superflu, il faut étouffer en nous la futilité, l’égoïsme, la vanité, l’extravagance, afin qu’en nous ne vive que la bonté pitoyable et active. Un grand nombre de femmes, parmi nous, ont répondu à l’appel de la charité, et généreusement, elles donnent et travaillent. Mais toutes n’ont pas compris encore… et il y a tant de misères là-bas, tant de misères ici !

Nous pouvons travailler pour les soldats qui combattent, pour les blessés des ambulances, pour les réfugiés ruinés, pour les bébés qui naîtront dans cette tourmente, pour les familles sans chefs, pour les sans-travail, tous nous crient leurs besoins et implorent notre aide.

Ne soyons ni muettes ni inactives ; au lieu de pleurer sur tous ces maux, essayons de les soulager.

Non ! ne nous immobilisons pas devant l’eau qui court en emportant les feuilles mortes, mais donnons au temps qui passe de bonnes actions à emporter. Prenons nos aiguilles, ouvrons nos bourses et surtout notre cœur à tous les malheureux. Si chacune de nous fait sa part généreusement, notre secours sera efficace.

Jamais, il n’y eut plus belle occasion de