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devenait possesseur de ce qu’il avait pris parce qu’il était le plus fort.

Les oiseaux ne s’apaisèrent que vers le soir. Ils refirent un nid dans un sapin touffu, tout près de la maison et ils continuèrent avec nous leurs relations de bon voisinage, enseignant plus tard à leurs petits que nous étions des amis.

Les écureuils aussi élevèrent des enfants dans leur maison volée, et jusqu’à aujourd’hui tout semblait leur réussir malgré leur malhonnêteté ; je me disais toutefois : « Comment feront les petits pour descendre de là ? La mère va et vient, et sans la moindre hésitation elle accomplit des merveilles d’équilibre, mais elle n’a pas commencé une telle gymnastique à six semaines ? »

Il faut vous dire que l’arbre n’a pas une branche : c’est une haute et mince colonne sur laquelle une planchette soutient la maison et déborde autour en formant une plateforme assez large. Pour en descendre, il faut un bond en bas, en calculant bien son élan pour retomber sur l’arbre et chaque fois que je vois exécuter le saut périlleux, je m’attends à une catastrophe.

Ce matin, à plusieurs reprises, il y eut, dans la maison et sur la plate-forme, des discussions, des gronderies, des coups, des cris désespérés des petits qui refusaient de se risquer et rentraient se cacher dans leur nid. La mère les ramenait au-dessus de l’abîme et les scènes recommençaient sans plus de