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firme, triste et taciturne. Elle me répondait à peine et je ne parvenais à l’intéresser un peu qu’en faisant de grands frais d’imagination. L’autre jour, quand je franchis le seuil de la salle, ses yeux me cherchèrent avec une expression si joyeuse que son petit visage laid en fut transfiguré. J’approche de son lit et elle retire de sous ses couvertures quatre tulipes qu’elle me tend en disant d’une voix toute tremblante de plaisir : « C’est pour vous ! » .

Elle avait trouvé la bonté de son cœur et un bonheur, jusque là inconnu, dans ce geste nouveau pour elle, la pauvre, qui n’avait jamais rien eu à donner !

Nous pourrions essayer de cette méthode pour attraper du bonheur mes chères sœurs ! Donnons nos fleurs, nos sourires, notre esprit, quelquefois notre présence ; donnons notre confiance, notre bienveillance et notre amitié, et pour finir mon sermon comme il convient, nous créerons ici-bas notre petit paradis où tous les malheureux voudront entrer ! C’est la grâce que je vous souhaite…


XXIX

Les oiseaux de Nazareth


Je regardais des livres dans une librairie à côté de deux religieuses qui choisissaient des images : — « Ô ma Sœur ! Voyez celle-ci !