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naturel et bien légitime, mais quand elle nous atteint, c’est notre noblesse de l’accepter bravement, dans toute sa tristesse, et notre générosité porte en elle sa récompense : nous ne tardons pas à sentir en nous l’action bienfaisante de la douleur : elle fond notre égoïsme et nous rapproche de tous ceux qui sont malheureux.

Et puis elle passe… le cœur le plus fidèle ne peut retenir toute sa douleur car on ne peut passer son existence dans un sanctuaire. La vie reprend ses droits, impose ses devoirs et offre de nouveau ses joies, et notre âme rassérénée se tourne vers le bonheur comme la fleur vers le soleil, et doucement il lui vient, de toute la beauté et de tout l’espoir du monde que Dieu fit pour elle, de la beauté mystérieuse des âmes, de sa propre puissance d’aimer et de donner de la joie.

Donner de la joie, c’est la leçon qu’apprend le mieux l’âme dans la douleur, mais elle ne peut donner que ce qu’elle possède et elle ne possède que ce qu’elle a su trouver.

Où ? Comment ? Partout, en soi et autour de soi, il y a des parcelles de bonheur : il n’y a qu’à les voir, à les recueillir et à les distribuer généreusement. Après avoir respiré le parfum des roses, vous les donnez à ceux qui ne savent où les cueillir et, ô miracle ! les autres possèdent vos fleurs et vous les avez toutes encore et leur parfum ne cesse de vous réjouir.

Je voyais à l’hôpital une petite fille in-