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J’entendais un médecin sérieux dire que deux ans de vie mondaine suffisaient pour développer la tuberculose chez la moitié des jeunes filles qui sortent et compromettre la santé générale de l’autre moitié.

D’ailleurs, il n’est pas besoin que la science parle ! Le simple bon sens fait comprendre combien est malsaine la vie de ces enfants qui veillent la nuit et dorment le jour, et qui passent tant de temps dans l’atmosphère surchauffée et viciée des salons trop remplis. Chaussées de bas de soie et de souliers légers, vêtues de robes transparentes, elles sont exposées à des refroidissements dangereux, quand, après avoir dansé plusieurs heures, elles sortent dans la nuit par un froid de vingt-cinq sous zéro. Et la surexcitation continuelle et l’habitude déplorable de la cigarette de plus en plus répandue !

Et voilà pourtant comment sont préparées au mariage et à la maternité les jeunes filles du monde de nos jours ! Ne nous étonnons pas des catastrophes matrimoniales et du nombre croissant des orphelins dont les mères sont encore vivantes !

Mais nous n’y pouvons rien ! gémissent les mères. Le courant est trop fort, comment pouvons-nous y résister ? Tout le monde permet ce que je tolère ! »

C’est là une excuse qui équivaut à celle-ci : tout le monde boit du poison, ma fille fait comme les autres, mais je lui ai recommandé d’être prudente.