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C’est très difficile, il me semble, de saisir la mentalité des femmes élégantes qui, à n’importe quel prix, veulent inaugurer et suivre la mode à outrance.

Leur but évidemment, c’est de plaire aux hommes et d’attirer leur admiration. Mais peuvent-elles croire sérieusement que les hommes remarquent ces détails qui, pour elles, ont une telle importance ? Ils ne les voient même pas, ou, s’ils les remarquent, c’est souvent pour en critiquer le peu d’à-propos.

Un ensemble agréable flatte leurs yeux ; ils aiment qu’une femme soit jolie et bien mise, mais c’est idiot de s’imaginer que le degré de leur admiration sera mesuré à l’épaisseur des bas et des chaussures, et qu’ils tomberont en arrêt devant une femme qui s’habille, le vingt-cinq mars, comme si c’était le vingt-cinq juin ! Que de peines perdues à nourrir ces folles illusions et que de malaises immédiats et de maladies contractées qui compromettent peut-être leur santé pour toujours. Plus tard, elles auront besoin de toute leur réserve de forces pour être des petites mères solides et courageuses, et elles seront languissantes et molles comme des chiffons !

On constate tout de même avec joie que le mouvement de réaction contre la frivolité féminine est en progrès : on rencontre beaucoup de jeunes filles sérieuses qui aspirent à autre chose qu’à être des mannequins élégants. Celles-là ont demandé à l’étude de