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En franchissant le seuil, on entre de plein pied dans une autre époque : les plafonds et les grosses poutres de cèdre noircis par le temps, les murs blanchis à la chaux, les vieilles clanches des portes, les targettes des fenêtres à petits carreaux, tout cela fut installé sous les yeux et la surveillance de Marguerite Bourgeoys et on n’a rien modifié. Les cheminées profondes, qui ne servent plus, ont leurs crémaillères prêtes à recevoir les mêmes lourdes marmites de fer ou de cuivre rangées dans le vieux bahut. Maintenant, des portes ferment ces cheminées : nous avons trouvé, dans celle de «« la salle, »» une mère-chatte avec ses petits ; dans l’autre, des poussins en train d’éclore dans un grand panier ouaté. Cette maison de Marguerite Bourgeoys n’est pas très grande et ne ressemble pas du tout aux beaux couvents de nos jours. La fondatrice vécut là en famille avec ses filles. En entrant, à gauche, c’est « la salle » qui servait de salle de communauté et de réfectoire ; on y recevait les visiteurs et on y vivait. Des fenêtres en avant et en arrière l’inondent de lumière et de soleil. Le poêle est au centre, des fleurs remplissent de verdure les fenêtres du midi. Une longue table est entourée de chaises empaillées dont le grand âge ne nuit pas à la solidité ; il n’y a qu’un vieux fauteuil, celui de la Mère et que l’on offrait aux visiteurs. Une horloge haute, debout dans un coin, dit l’heure sans se lasser depuis quelques chose comme 275 ans. On