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dur et ils crurent en mourir de chagrin tous les deux.

Le jour qu’il la conduisit à l’hospice, le bon accueil des religieuses n’enleva rien à l’amertume du sacrifice. Il était sur le point de s’en aller : les petites vieilles, par groupes, bavardaient ensemble et ils entendirent près d’eux : — Encore une grand’messe demain pour la vieille dame si riche qui a donné tout son argent à l’hospice. Paraît que les sœurs vont construire une aile qui sera nommée l’Aile Sarteau : la vieille a mis cette condition-là à son don.

Les vieux se regardèrent : — Comme je la reconnais bien, là, la Sophie ! Elle fait la fière avec son argent même dans la mort ! — M’est avis, reprit doucement la vieille, qu’on fait bien de beaucoup prier pour elle !


XXIII

Un Pèlerinage


Une amie aimable, et curieuse de tous nos souvenirs historiques, m’amena, la semaine dernière, à la Pointe-Saint-Charles, au berceau de la communauté des religieuses de la Congrégation Notre-Dame. Dans notre pays où l’on démolit avec tant d’insouciance tout ce qui date un peu, cette vieille maison, où les clous mêmes auxquels sont suspendues les vieilles images ont près de trois cents ans, est une pure merveille !