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seules, peuvent, non seulement endurer, mais à qui elles font une vie heureuse et occupée.

Ils se sont rendus dans l’immense salle, où le bazar, interrompu pour le public, bat son plein pour le personnel de la maison. Tous ont une bourse, et les bons génies du lieu veillent à la tenir bien remplie.

C’est un spectacle touchant et triste, ce grand plaisir des pauvres sur qui s’est acharnée la misère, et dont les joies sont si rares, qu’une après-midi comme celle-ci puisse faire époque dans leur vie.

Pendant des chapelets d’années, ces pauvres vieux et ces petites vieilles ont roulé de gêne en privations, de privations en misères, pour être enfin recueillis par des anges en cornettes qui les aiment, sont douces pour eux, leur donnent le vivre et le couvert, mais pas souvent de plaisirs !

Autour des religieuses, les enfants courent en liberté, se bousculent, jouent et crient de joie. Les plus jeunes se frôlent et s’accrochent aux mains et aux jupes des petites Sœurs et de tous côtés on entend : Mère, je n’ai plus de sous !—Mère, je voudrais une poupée comme celle de Pauline ! — Mère, j’ai perdu Gertrude ! — Mère, les grands m’ont poussé ! —

Et la Mère cherche Gertrude, console celui qui pleure, achète la poupée et donne des sous. Là-bas, dans les cimetières couverts de neige, les petites mamans peuvent