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nous n’échappons pas à notre propre condamnation. La plus grande leçon donnée par la vie à l’homme, ce n’est pas qu’il y a dans le monde du travail et de la souffrance, c’est qu’il dépend de lui de rendre ce travail et cette souffrance profitables, et que c’est avec eux que l’homme construit ses succès et ses bonheurs.

Nous ne devons donc pas nous servir de notre liberté pour essayer d’éloigner les afflictions, les soucis et les difficultés, mais nous devons les faire servir à nos fins, et créer des joies avec les obstacles et les difficultés que nous surmontons. Naturellement nous n’y arriverons qu’en étant convaincus que notre individualité ne doit pas primer les intérêts généraux ; que nos désirs ne doivent pas s’affranchir des lois morales et chrétiennes ; que nos plaintes et nos révoltes ne peuvent rien changer à ce qui est, et enfin que la peine est l’envers de la joie.

Quand nous saurons tout cela, nous comprendrons aussi que nous ne sommes pas des mendiants. Nous achetons, et si cher parfois, tout ce qui compte dans la vie : succès, sagesse, amour. Ces biens sont précieux justement parce que nous les payons avec le meilleur de notre esprit, de notre travail et de notre cœur.

Que vaudrait la puissance d’un homme oisif qui prétendrait gouverner les autres sans s’occuper d’eux ?