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J’ai reçu hier une lettre d’une lectrice inconnue de l’Ouest lointain : elle me demandait un mot aidant pour les âmes faibles, mal entourées et qui se «« fanent. »» Comme c’est trouvé cette expression ! On voit la fleur encore belle dont la tige molle s’abandonne, dont les pétales se froissent. C’est de l’eau pure à la racine qui va la redresser et lui rendre sa beauté. Mais dites-moi, quelle est l’eau vivifiante et forte qui ranime une âme de femme si ce n’est l’amour, le sentiment généreux et profond qui, s’accrochant au ciel, la tient debout sur la terre au milieu de ceux avec qui elle vit, de ses devoirs, de ses épreuves, de sa vie active et féconde ?

Non, les anges ne vous ont pas abandonnée et vous n’êtes pas seule regardant votre âme fragile et triste. Ce sont eux qui ont gardé votre rêve et qui vous chuchotent que les fleurs et les âmes négligées dépérissent ; ce sont eux qui vous disent que la vie est grande et qu’il ne faut pas la vivre mesquinement en reculant devant les devoirs difficiles, en partageant ce qui doit être donné tout entier à ceux qui y ont droit. Écoutez les anges, mon amie, et quand vous aurez rempli votre âme de leurs suggestions vous n’aurez plus de tristesse à la regarder !