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leur faim et qu’ils sont vêtus convenablement ?

Derrière eux, en longues files désolées, il y a les misérables, ceux qui n’ont rien et qui se nourrissent de ce que nous laissons tomber. Il ne faut pas jeter avec nonchalance, mais avec la charité qui met son cœur dans son aumône, apprenons à recueillir avec soin ce qui peut être utile aux plus pauvres que nous.

Ayons notre « armoire des pauvres » où nous déposerons tout ce qui est hors d’usage, ce que nous avons conservé inutilement dans les coffres pendant des années et aussi la part que nous pouvons faire à la charité de nos provisions et de nos conserves.

Je ne l’ai pas vue moi, cette pièce d’un vieux manoir détruit et appelée le « magasin des pauvres, » qu’une grand’mère au cœur d’or ne laissait jamais se vider : hardes, couvertures de lits, remèdes, confitures et compotes, légumes, beurre, œufs remplissaient les armoires et elles étaient toujours pleines. Les pauvres n’avaient pas même à demander et les paniers du « magasin » montaient et descendaient la côte du village pour approvisionner tous les affamés qui payaient avec des prières la bienfaitrice qu’ils adoraient.

Savez-vous qu’il s’agit moins, pour être charitable, d’avoir de l’argent que de penser à l’usage que les pauvres feraient de ce qui