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cette mer de neige qui menaçait de l’ensevelir, mais le courage lui était revenu et il fit la seule chose raisonnable qu’il lui restât à faire. Avec son bâton et ses mains, il creusa un trou dans la neige, il enveloppa sa tête de son foulard et accrocha solidement son bonnet de laine à une branche au dessus de la fosse où il se blottit. Puis ses idées se brouillèrent et il s’engourdit dans cette angoisse de mourir là, tout seul, comme une petite bête abandonnée.

Dans l’après-midi, la tempête s’apaisa, et le père ayant vainement attendu des vivres se décida à revenir. Imaginez le cri de la mère quand elle le vit seul et leur inquiétude en devinant ce qui s’était passé !

L’alarme fut donnée au village et on partit à la recherche du pauvre petit. Ce fut long, il avait tant neigé qu’il ne restait aucune trace sur la neige où les hommes enfonçaient jusqu’aux genoux. Enfin, en s’écartant du sentier que Jean avait perdu, ils aperçurent le gland rouge de la petite tuque que le vent agitait au-dessus de l’enfant complètement recouvert par la neige. Il n’était qu’engourdi par le froid heureusement et il se réveilla dans la tiédeur de son lit et la bonne tendresse de sa maman : ils en furent quittes pour la peur.