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âmes s’appesantissent au contact des premiers frôlements de l’automne, et qui, insouciantes, laissent tristement passer les journées vides et les soirées froides.

À celles-là je veux rappeler que les pauvres aussi voient avec angoisse revenir la mauvaise saison. Pour eux, c’est le froid des maisons mal closes et peu chauffées, c’est la faim et les maladies des petits peu vêtus et mal nourris. Ils ont peur et ils sont inquiets, non de l’inquiétude vague dans laquelle se complaisent les personnes inactives et rêveuses, mais d’une crainte poignante de la réalité déjà vécue et endurée, les années passées.

Pensons plus à eux et moins à nous ! Ils ne sont pas des personnages imaginaires, mais des êtres humains qui vivent près de nous privés du nécessaire et nous pouvons et nous devons les aider puisque nous avons plus que le nécessaire.

C’est très bien de nous joindre aux organisations charitables par lesquelles nous atteignons les malades, les sans abri, les enfants abandonnés ou souffrants, mais ô vous, qui vous ennuyez, faites un peu plus ! Toutes, nous devrions nous faire une clientèle de pauvres à nous, à qui nous offrirons plus que nos secours matériels. Nous leur donnerons un peu du sourire de notre joie, un peu du courage de notre force, un peu du Dieu de notre piété, nous leur donnerons enfin du meilleur de notre cœur qui consolera et éclairera leurs âmes délaissées et déçues.